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Alors le Mali ?

  • Ibrahim Camara
  • 30 sept. 2017
  • 4 min de lecture

Un petit article facile à lire pour vous permettre de mieux connaitre le Mali, on vous décrypte son histoire récente, sa réalité économique et sociale ainsi que les défis qui attendent le pays dans l'avenir.

Mosquée de Djéné, Les trésors d'Islam en Afrique  (Institut du Monde Arabe)

L’histoire récente du Mali

L’ancien Soudan Français devient la République du Mali en 1960. Son premier président, Modibo Keïta, élu démocratiquement, est un panafricaniste convaincu, porteur d’une forte volonté d’émancipation marquée par des idéaux socialistes et nationalistes caractéristiques de l’époque postcoloniale. Il a peine le temps d’entamer ses réformes profondes et notamment celles concernant l’agriculture qu’il est écarté du pouvoir en 1968 lors d’un coup d’État mené par Moussa Traoré.

Dictateur féroce, Moussa Traoré, en plus d’appauvrir et d’affamer son peuple, lance une forte répression contre la minorité touarègue du Mali, cette même minorité qui aujourd’hui revendique par la violence le nord du Mali, l’Azawad. Ce mouvement indépendantiste touareg est ancien, ses revendications remontant à l’époque de la décolonisation.

Le Mali connaît une relative stabilité politique à partir de 1991, mais tout bascule en 2012. Un nouveau coup d’Etat militaire plonge le pays dans un climat de guerre, d’instabilité politique et de crise économique.

Après l’intervention de la France en 2013, les djihadistes sont repoussés de la capitale et cantonnés principalement au Nord dans la région de Kidal. Des petits groupuscules opèrent malgré tout dans l’ensemble du pays en commettant des attentas contre l’armée malienne et les forces armées étrangères. Appuyé par la communauté internationale, le gouvernement actuel tente d’apaiser la situation en mettant en œuvre un accord de paix entre les différents groupes armés. Ce conflit préoccupe fortement la communauté internationale en raison de la montée du terrorisme dans la bande sahélo-saharienne ainsi que des tensions tribales persistantes qui favorisent et alimentent les trafics de drogues et d’êtres humains.



L’économie et la dépendance à l’aide publique

Le Mali est un pays d'Afrique de l'Ouest, frontalier de la Mauritanie et de l'Algérie au Nord, du Niger à l'Est, du Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire au Sud, de la Guinée au Sud-Ouest et du Sénégal à l'Ouest. C’est un vaste pays enclavé, avec une population inégalement répartie, plus de la moitié du territoire étant désertique. Le pays compte plus de 17 millions d’habitants dont 2 millions vivent dans la capitale Bamako. Il est majoritairement musulman (94% de la population), mais compte également des chrétiens (2%) et des animistes. Les différentes religions vivent sans tensions inter-religieuses majeures, et le pays est une République laïque où toutes les communautés et confessions sont reconnues et respectées.

L’économie malienne est peu diversifiée : elle repose sur les secteurs primaires (agriculture, production d’or) et tertiaire (commerce, transports et fonction publique) qui représentent plus de 80% du PIB. Le secteur industriel reste embryonnaire et marginal (4%).

Ce manque de diversification de l’économie a pour conséquence de rendre le pays plus vulnérable aux variations des cours mondiaux des matières premières et aux aléas climatiques qui peuvent impacter les campagnes de récoltes.

La République du Mali est également très dépendante de l’aide publique internationale. Celle-ci se manifeste principalement par des programmes d’assistance technique, des prêts et des dons afin de financer les dépenses indispensables de l’État et lui permettre de délivrer les services sociaux de base à la population.

Depuis 2013 et l’élection pacifique du président Ibrahim Boubacar Keïta, le Mali est sur la voie du renouveau, avec notamment une croissance qui redémarre. Parallèlement au recul des djihadistes grâce à l’appui de l’ONU et de la France, le pays a gagné en stabilité et vu le redémarrage de ses activités économiques, la reprise de l’aide internationale (suspendue durant la crise) et l’amélioration du climat politique et sécuritaire. Toutefois de nombreux défis attendent le pays, en particulier ceux autour de l’emploi (en particulier des jeunes), de la corruption et de l’environnement.



Les enjeux autour du développement

Malgré ce dynamisme économique soutenu depuis 2013, le Mali enregistre un taux de pauvreté extrêmement fort (45% de la population en 2013), faisant du pays l’un des plus pauvres du monde. L’Indice de Développement Humain classe le Mali au 176ème rang sur 188 en 2015. Cette pauvreté est nettement plus élevée en zone rurale, touchant près de 90% de la population.

Le Mali doit affronter un autre défi important, la forte croissance démographique. À hauteur de 3% par an, elle absorbe près de la moitié de la richesse créée. Sa population est jeune : deux Maliens sur trois ont moins de 25 ans et un Malien sur deux a moins de 15 ans !

Dans ce contexte, la croissance économique du pays ne peut créer suffisamment d’emploi. Le chômage est donc inévitable : il oscillerait entre 25 et 30% en 2015 d’après la CIA. Les jeunes sont d’avantage touchés, phénomène amplifié par le faible taux de scolarisation et la surabondance de main d’œuvre peu qualifiée; 50% des maliens de 15 à 39 ans sont au chômage ou en sous-emploi (selon l'AFD).

Autre enjeu de taille, la corruption. Cette dernière est en effet omniprésente, quotidienne et généralisée, et ce particulièrement au sein de l’administration malienne où elle sévit à tous les niveaux. En octobre 2017, le vérificateur général chargé de lutter contre la corruption, a rendu un rapport public accablant. Plus de 106 millions d’euros (70 milliards FCFA) auraient été détournés des caisses de l’État entre 2013 et 2014, il s’agirait principalement de fraudes et de mauvaises gestions. Enfin, le président actuel est accusé de népotisme car on lui reproche d’avoir, depuis son arrivée à la présidence, placé plusieurs membres de sa famille, dont son fils, à des postes stratégiques.

Dernier défi et non des moindre pour le pays : la préservation et la protection de l’environnement. Afin de limiter les risques liés à la détérioration de l’environnement, le Mali doit réduire l’utilisation massive de bois, car celle-ci favorise la désertification et l’appauvrissement des sols. Le pays connait également une surexploitation des ressources naturelles, tandis que le manque de normes environnementales limite fortement les politiques de santé publique. Le gouvernement et les bailleurs de fonds doivent d’avantage œuvrer sur la sensibilisation et renforcer leurs politiques allant dans le sens de la protection et de la valorisation de l’environnement. Un pays dont l’activité économique principale repose sur l’agriculture se doit d’avoir une véritable stratégie nationale sur l’environnement afin de limiter les conséquences de la désertification, de l’appauvrissement croissant des sols et plus largement du réchauffement climatique.


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